Comme annoncé lors du lancement de l’appel à communications, l’AHPNE, dans le cadre de son dixième anniversaire, tient son 4ème colloque les 11 et 12 décembre prochains sur le thème de la protection de la nature depuis le XIXe siècle.
Pour concevoir et organiser ce colloque, l’AHPNE s’est associé avec ses partenaires habituels, les archives nationales et le comité d’histoire du ministère de la Transition écologique et solidaire auxquels se sont joints, l’agence française de la biodiversité, le comité français de l’UICN, la fondation François Sommer, le groupe d’histoire des zones humides, l’université de Caen-Normandie, l’université Paris Lumière, la société française du droit de l’environnement, la société italienne d’histoire de la faune et la société nationale de protection de la nature.
Poursuivant l’exploration et l’étude de l’histoire de la protection de la nature et de l’environnement, il s’agit d’interroger cette histoire déjà longue et de la mettre en partage avec les acteurs de la protection de la nature du temps présent.
Cela fait maintenant plus d’un siècle et demi que la protection de la nature s’inscrit comme une préoccupation en France et qu’elle interroge, de façon changeante, les rapports que les français entretiennent avec la nature et les solutions qu’ils ont trouvées et mises en place pour la protéger.
Au gré des époques, ces solutions et les pratiques des acteurs impliqués n’ont cessé d’évoluer, de se diversifier, en fonction des objectifs recherchés, de l’adhésion ou non de la société à ces objectifs, des savoirs mobilisés, de l’instauration de politiques publiques dédiées, de la création d’un droit spécifique, de la technicisation et de la professionnalisation du secteur, de l’influence des contextes européens (directives) et internationaux (conventions) et bien d’autres facteurs encore tel qu’aujourd’hui, le changement climatique.
Durant les trente dernières d’années, deux changements notables sont intervenus : le concept de « gestion » de la nature s’est substitué à celui de « protection  » de la nature et la désignation de l’objet de cette protection et de cette gestion, la « nature » , tend à être remplacée par celui de « biodiversité  » dans le langage courant. Ces changements sémantiques sont-ils de pure forme ou traduisent-ils un changement de paradigme ? Et si oui, quelles en sont les conséquences actuelles et à venir ?
Plus récemment, des courants de pensée se sont mis à discuter la forme d’interventionnisme qui s’est développé dans la gestion des espaces protégés et, d’une façon plus générale, la façon dont la nature est gérée, cette gestion laissant, à leurs dires, trop peu de place à l’expression de la « nature sauvage » et de la « nature ordinaire » et contrariant la libre évolution de la nature férale. S’agit-il d’une remise en cause fondamentale des objectifs de protection poursuivis et des principes et modalités d’action en découlant ?
Enfin, l’évolution récente du contexte juridique avec l’adoption et la mise en œuvre de la loi de 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, et celle du cadre institutionnel avec la mise en place de l’agence française pour la biodiversité, reconfigurent profondément la gouvernance du domaine en France. En quoi la connaissance de l’histoire de la protection de la nature peut-elle être une source d’inspiration et d’enrichissement pour tous les acteurs de cette gouvernance au regard des nouveaux enjeux ?
Ces questions interpellent aujourd’hui, non seulement les acteurs publics et privés de la protection de la nature impliqués au premier chef, mais aussi de nombreux secteurs de la société attentifs ou concernés par les questions environnementales et les citoyens dans leur ensemble.
Les regards croisés des chercheurs et des acteurs tenteront d’apporter un éclairage actualisé sur ces figures changeantes de la protection de la nature qui cohabitent aujourd’hui au sein d’un panorama diversifié d’approches et de modalités d’action.
Il s’agira aussi, par delà ce panorama, de s’interroger sur la (les) nature (s) que nous voulons ou pouvons protéger et sur notre capacité à passer un « pacte de non agression » avec elle (s).